L’après 9 juin

La dissolution de l’Assemblée nationale prononcée par le Président de la République immédiatement après l’annonce des élections européennes a surpris tout le monde. Est-ce véritablement une surprise ? Non, car il n’existait pas d’autre solution pour Emmanuel Macron, s’il voulait reprendre la main politique après le lourd échec de Renaissance.

Pouvait-il encore gouverner le pays pendant trois ans avec, à l’Assemblée nationale, des partis d’opposition prêts à s’allier uniquement pour voter une motion de censure destinée à faire tomber le gouvernement ? En accélérant le calendrier électoral, il devient le maître d’un temps court qui oblige, dans la précipitation, les partis de toutes les oppositions à clarifier leur position et leurs alliances.

La NUPES, que l’on croyait morte et enterrée par sa manière d’être, renaît sous le nom usurpé de Front populaire. Le Front populaire de Léon Blum aurait-il accepté que sa ligne politique et son programme soient dictés par un Mélenchon ? On voit déjà le socialiste Olivier Faure retourner à la niche nupésienne ; Jadot, l’écologiste, proclamer que, face à l’Histoire, il est possible de s’allier avec le diable. On voit les Républicains hésiter entre trois directions : frapper à la porte des macronistes, un courant peut se dessiner autour des anciens UMP comme Edouard Philippe, Gérald Darmanin et Bruno Le Maire ; pactiser avec le RN, ce que propose Eric Ciotti ; reconstruire un mouvement gaullien social, ce que souhaite Xavier Bertrand. Les résultats des législatives montreront quel est le poids de LR dans la reconstruction de la scène politique nationale. LR dispose d’un atout indiscutable : le mouvement est celui qui possède le plus d’élus locaux, des relais utiles dans une élection législative, une élection de terrain et de proximité, en espérant qu’il en fasse un bon usage.
Mais l’avantage le plus important est du côté du RN : les électeurs ne connaissent pas les programmes des candidats, ils ne les lisent même pas. Il suffit de la photo du candidat, d’une figure tutélaire derrière le candidat et de trois mots. Sur l’affiche de chaque candidat RN, il y aura : 1) la photo de la candidate ou candidat 2) à côté la photo de Marine Le Pen et/ou Bardella 3) les trois mots : immigration, insécurité, islam. C’est suffisant.
La dissolution est une opportunité de clarification pour toutes les forces politiques. Le RN, longtemps mis à l’écart de la scène politique, est aujourd’hui le parti majoritaire en France. 93 % des communes ont voté Bardella aux Européennes. Mais, les élections législatives ne ressemblent pas aux élections européennes.

Une chose est certaine : ce ne sont pas les dirigeants politiques qui font les alliances ; c’est le peuple qui donne le « la » des alliances. C’est l’explication que donne Eric Ciotti pour justifier les accords qu’il a conclu avec le RN.
Mais, pour nous, gaullistes, il est impossible d’accepter que notre famille politique s’allie avec le RN. D’ailleurs, une très forte majorité émerge chez LR pour dénoncer la « forfaiture Ciotti » qui trahit le gaullisme.
Après ce triste constat, nous souhaitons que la droite républicaine et sociale se retrouve et se rassemble dans un PROJET PARTICIPATIF reposant sur une bien meilleure participation politique des citoyens. C’est ainsi que l’après 9 juin saura nous voir, tel le phénix, renaître de nos cendres. Dans ce cadre, les propos tenus par Xavier Bertrand et Edouard Philippe sont prometteurs, à la seule condition d’être rassemblés en dehors des égos, dans un PROJET COMMUN au service de la NATION.
Nous appelons toutes celles et tous ceux qui se retrouvent dans cette idée à nous rejoindre.

Paris le 12 juin 2024
Bernard REYGROBELLET, Président du Club Nouveau Siècle

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